Page 9 - Science d'Hermès
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l'iconographie alchimique si nous ne consentons pas tout d'abord à
changer notre regard et à retrouver quelque innocence dans notre
façon de voir. Le sens du Merveilleux ne s'apprend pas, car il n'est
pas quelque chose qui s'ajoute à notre entendement. Le sens du
Merveilleux se retrouve. C'est à ces retrouvailles que nous invitons
le lecteur en quête de Connaissance alchimique. La conversion du
regard par laquelle nous quittons le monde utilitaire et profane
change en lumière les ténèbres d'un langage dont la signification
nous échappe. Car avant même de comprendre par le détail la
signification particulière de telle ou telle phrase, c'est le sens même
de l'œuvre qui doit magnétiser notre entendement.

      Le sens de l'œuvre, c'est le Pôle, l'orientation la plus décisive
et la plus immédiate de l'entendement dont la proximité suscite le
Merveilleux. Est-il nécessaire de préciser que l'Alchimie n'est en
aucune façon une science matérialiste. La « matière première » dont
il est question dans les traités est la terre, mais cette terre ne
correspond en aucune façon au concept de matière tel que le
défendent les matérialistes modernes. La terre alchimique, ce que
les alchimistes nomment « notre terre » est une terre en
métamorphose, une terre traversée de forces florales et
d'accomplissements lumineux qui ne peuvent en aucune façon
s'expliquer par des lois mécaniques. La terre, disait Novalis,
culmine dans « la flamme qui fleurit ».

      L'explication mécanique, qui soumet les effets à des causes
connues et répertoriées, infiniment et quantitativement
reproductibles, est ici hors de propos. L'opération alchimique
diffère de l'opération technologique aussi bien par ses moyens que
par sa fin. Ce qui est en jeu est d'une toute autre nature. A la
différence du technicien, l'Alchimiste ne cherche point le pouvoir
ni « les pouvoirs » mais la souveraineté. La pierre philosophale est
le symbole de cette souveraineté conquise sur toutes les faiblesses
humaines et sur toutes les tentations de la démesure. L'opposition
entre la science moderne, qui se définit elle-même comme

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