Page 8 - Science d'Hermès
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« Bien respirer un beau poème, c'est boire l'or astral des Alchimistes,
 c'est retrouver la respiration cosmique de la vie et de l'âme, inspiration

                                    et expiration »

                              Gaston BACHELARD

La « flamme qui fleurit »

      Le langage des Alchimistes déroute et fascine. Au traité
d'Alchimie semble convenir, au premier regard, le vers de
Mallarmé : « Calme bloc ici bas chu d'un désastre obscur ». Cependant
dans ces ténèbres, les mots brillent d'éclats singuliers. Il y est
question de Céruse, d'Orpiment, de Réalgar, d'Azurite, de
Chélidoine. Les phrases qui décrivent les opérations, et dont on ne
sait tout d'abord si elles sont matérielles ou mystiques, ou l'un et
l'autre, convoquent un bestiaire en proie à des métamorphoses, une
géographie sacrée où les mers, les ciels, les forêts changent de
couleurs selon les changements survenus dans l'âme de l'Adepte.
Tout semble se jouer dans une science de l'interdépendance où
l'âme humaine et l'Ame du monde se découvrent de mystérieuses
concordances. L'Alchimiste vit dans un monde qui n'est pas tout à
fait notre monde mais auquel notre monde cependant donne accès.
L'Alchimie n'est pas une évasion, elle révèle, par son langage si
particulier, les arcanes de ce monde où nous nous trouvons et dont
tant d'aspects essentiels nous demeurent méconnus. La terre sur
laquelle nous allons, où nous nous livrons à nos affaires humaines,
est déjà pour l'Alchimiste un grand mystère digne d'une attentive
révérence.

      Nous ne comprendrons rien aux traités, aux poèmes et à

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